LE PRÉSIDENT MODÈLE

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John Magufuli

[Archives] ___ Le nouveau président de la Tanzanie fait de la lutte contre la corruption et le gaspillage de l’argent public sa priorité. Plusieurs directeurs d’administration ont déjà été renvoyés.
En juillet 2015, à Dodoma, John Magufuli, alors ministre des travaux publics. L'ancien professeur de chimie a été élu président de la Tanzanie le 25 octobre 2015.
En juillet 2015, à Dodoma, John Magufuli, alors ministre des travaux publics. L’ancien professeur de chimie a été élu président de la Tanzanie le 25 octobre 2015. REUTERS

« Il est honteux de dépenser de l’argent pour célébrer l’indépendance quand notre peuple meurt encore du choléra. » Après avoir annulé les festivités de commémoration de l’indépendance, le 9 décembre, au profit d’une campagne de nettoyage des espaces publics à laquelle il a participé, John Magufuli, demande à présent de réduire les dépenses lors des réunions publiques. « Les rafraîchissements doivent se limiter à du thé, des jus de fruit et de l’eau en excluant la viande et les collations trop lourdes pour les réunions de moins de deux heures », a ordonné le cinquième président de Tanzanie, entré en fonction le 6 novembre.Lire aussi Le président tanzanien joue les éboueurs dans les rues de Dar es-Salaam

Cette déclaration fait suite à une série d’annonces choc. Depuis son élection, l’ancien ministre des travaux publics, surnommé le « Bulldozer », s’est lancé dans une chasse au gaspillage de l’argent public. Elu avec 58 % des voix au terme d’une compétition politique inédite dans un pays qui n’a jamais connu l’alternance, John Magufuli, issu du Chama Cha Mapinduzi (CCM), le parti au pouvoir qui dirige le pays depuis l’indépendance en 1963, a fait de la lutte contre la corruption et de l’amélioration des conditions de vie ses priorités. Le lendemain de son investiture et après avoir réduit de 100 000 dollars à 7 000 dollars (92 000 euros à 6 460 euros) les frais de la cérémonie d’inauguration du nouveau Parlement, il s’est rendu à pied au ministère des finances et à l’hôpital central de Dar­ es-Salaam.

Bâtiments publics contre hôtels de luxe

Cette visite, soigneusement médiatisée et lors de laquelle le président a été confronté à des malades dormants dans les couloirs, a conduit à l’éviction du directeur du centre hospitalier. Les fonctionnaires absents et n’ayant pas d’excuse valable ont été licenciés.

Depuis sa prise de fonctions, John Magufuli a aussi restreint le déplacement de ses ministres à l’étranger. Lors du sommet du Commonwealth, organisé à Malte fin novembre, la délégation tanzanienne ne comptait que quatre représentants, contre plus d’une cinquantaine habituellement. Désormais, seul le président, le vice-président et le premier ministre sont autorisés à voyager en première classe. Les réunions organisées par le gouvernement se tiendront dans des bâtiments publics et non dans des hôtels de luxe. « Le président souhaite éviter le gaspillage de l’argent public et reverser ces économies dans des secteurs clés tel que la santé, l’éducation ou les infrastructures », explique Gerson Msigwa, directeur de la communication de la présidence.

John Magufuli s’est également illustré par des annonces contre la corruption et la fraude fiscale. Dans un pays à la corruption rampante, classé 119e sur 175 par Transparency International, la nouvelle équipe au pouvoir souhaite rétablir le système d’impôts « afin de soutenir la croissance économique du pays ». Rished Bade, le commissaire général des autorités fiscales tanzaniennes (TRA), a ainsi été limogé suite à l’ouverture d’une enquête concernant une fraude fiscale sur près de 380 containers dont les taxes n’avaient pas été payées aux autorités portuaires.

Source: https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/12/18/tanzanie-le-grand-coup-de-balai-de-john-magufuli_4834676_3212.html


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